M. Vaisse: La Paix au XXe siècle

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Titel
La Paix au XXe siècle.


Autor(en)
Vaisse, Maurice
Reihe
Belin Sup Histoire
Erschienen
Paris 2004: Belin
Anzahl Seiten
222 p.
Preis
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Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Georg Kreis

Ce livre, initialement destiné aux étudiants, nous entraîne le long d’un siècle passionné et passionnant, en s’axant essentiellement autour de la paix. Parler de paix implique presque inévitablement de parler aussi de guerre, sujet qui a été, comme souligne M. Vaisse, toujours favorisé dans l’historiographie. Reste que ce ne sont pas les Etats – paisibles ou guerriers – qui intéressent l’auteur, mais plutôt la dynamique qui mène d’un état à l’autre. La fin brusque de la paix est moins en vue que la tâche difficile d’arriver à mettre fin à la guerre. Le spécialiste des relations internationales se penche surtout sur les rapports entre Etats et moins sur la situation intérieure des Etats. Vu que les conflits deviennent vers la fin de ce siècle de plus en plus des guerres civiles, les relations internationales restent importantes seulement dans la mesure où une puissance ou un groupe d’Etats intervient.

Le texte suit la chronologie et montre l’évolution des idées comme des événements réels. En début d’ouvrage, notamment dans le chapitre sur l’avant-guerre de 1914, le texte s’orne de nombreuses citations souvent connues et par cela presque impératives, comme la déclaration de Wilson en 1917. Par ailleurs, on trouve aussi des documents tout à fait innovateurs comme celui sur «La paix au quotidien» du Monde, 12 juillet 2002 (p. 166). La période des trois dernières décennies doit – à l’exception d’une chanson de Lennon/McCartney – se passer de «matériel authentique ». Est-ce par hasard? Vers la fin du siècle, les hommes n’ont sans doute plus la force de se prononcer sur la paix d’une manière telle qu’on puisse en tirer de belles citations. En ce qui concerne l’Europe, on peut peut-être expliquer ce «vide rhétorique» par l’absence de guerre dans ses territoires. Avant 1914, en revanche, l’abondance de textes est corrélée au sentiment qu’une guerre est imminente. Par contre les cartes (géographiques) semblent devenir vers la fin du siècle de plus en plus importantes. Elles expliquent aux lecteurs européens avant tout des situations extra-européennes; la première est consacrée à la frontière entre le Nigéria et le Cameroun.

Un tel livre se doit de consacrer quelques paragraphes aux relations coloniales et au mouvement de la décolonisation. Contre la tendance actuelle de critique fondamentale de tout colonialisme, l’auteur rappelle, en s’appuyant entre autres sur un texte d’Albert Sarraut (p. 99), que la «paix coloniale» apportait aussi des résultats positifs. Puis, dans le cadre largement traité de l’émancipation de l’Algérie qui prend une place importante, Vaisse parle bien sûr de «décolonisation». Le chapitre sur la libération du Vietnam donne à entendre que la libération amène une paix de qualité douteuse.

Il n’est pas étonnant que ce livre évoque un peu plus souvent la France que d’autres pays. Plus étonnant (quoique fortement justifié) est que l’auteur consacre un paragraphe entier à la Suisse («pays de la paix»). Mais ces explications sont bien encadrées par d’autres commentaires sur la neutralité des Etats-Unis, de la Belgique, de l’Espagne.

Ne peuvent pas manquer des réflexions sur la bombe atomique. Vaisse n’entre pas dans le débat autour la question de savoir si sa première utilisation était «nécessaire ». Il insiste plutôt sur les conséquences pour le demi-siècle suivant, c’est-àdire la paix imposée par l’équilibre de la terreur. Le titre «Les armes nucléaires favorisent- elles la paix ou la guerre est-elle morte toute seule?» peut suggérer que l’auteur adhère à un structuralisme pur. Loin s’en faut, même si des constats irréfutables soulignent l’importance des structures. Par exemple la remarque que la guerre moderne ne naît plus de la puissance des Etats mais de leur faiblesse (p. 198).

L’individu reçoit, lui aussi, une bonne place aussi avec des indications biographiques hors-texte. L’impression générale transmise par cette présentation: la paix dépend en grande partie de la volonté des hommes. Si cette volonté trop souvent, hélas, ne suffit pas pour réaliser la paix, elle est assez importante quand elle veut l’empêcher. Après avoir parlé beaucoup (pas trop) des Etats, Vaisse termine son excursion à travers le XXe siècle en évoquant le rôle déterminant des ONG, par exemple dans la lutte contre les mines anti-personnelles et l’importance de la contribution des femmes, notamment la lutte de l’Iranienne Shirin Ebadi, pour l’accroissement des droits des femmes. L’auteur nous rappelle que la paix est un véritable travail de longue haleine. La rédaction de cet ouvrage riche, bien organisé, instructif et serein y participe, de même que notre lecture. Notons pour conclure que ce livre se base sur une vaste littérature consignée dans une bibliographie de 8 pages dans laquelle on retrouve mentionnée assez souvent aussi la revue relations internationales.

Citation:
Georg Kreis: compte rendu de: Maurice Vaisse: La Paix au XXe siècle. Paris, Coll. Belin Sup Histoire, 2004. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, Vol. 55 Nr. 3, 2005, S. 372-373.

Redaktion
Veröffentlicht am
02.12.2011
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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